La Fuite
Ma
transformation s’était achevée. Je n’avais pourtant pas changé, mise à part
cette paire d’ailes qui restait accrochée à mon dos. Ma vue s’était également
améliorée et, même si je ne pouvais distinguer correctement les couleurs - tout
semblait rouge ou noir -, j’apercevais les contours de chaque objet et de
chaque créature.
Le démon
qui m’avait enlevé était apparemment le chef de cet enfer et avait prévu de
m’intégrer à son armée. Dès que je fus à nouveau sur pied, il ne tarda pas à me
laisser quitter l’alcôve dans laquelle j’étais retenu prisonnier. Mais, bien
que je puisse parcourir librement les rues, il ne me faisait pas confiance et
voulait me garder à l’œil.
Une
succube de son harem personnel fut chargée de me surveiller et m’accompagna
partout, où que j’aille. Bien que séduisante, elle se montrait toujours étrangement
froide pour un démon séducteur, sans doute parce qu’il lui était interdit
d’utiliser ses pouvoir sur moi. J’en profitai pour la questionner au sujet de
ce monde ou "plan", et les moyens de le quitter. Bien entendu, elle
ne me donna aucun renseignement utile pour que je puisse m’évader. Malgré tout,
au fur et à mesure que le temps passait, je constatai que je gagnais peu à peu
sa confiance et sa sympathie. Peut-être me faisais-je des idées, mais il me
semblait également que, à force d'observer ses gestes et ses paroles,
j'héritais de son pouvoir de séduction.
Cela
devait faire au moins une année que j'arpentais les rues de ce sombre endroit.
Exceptionnellement, ce jour-là, je me promenais seul et alors que j'observais
distraitement les différentes créatures qui habitaient ce quartier, mon
attention fut attirée par un étrange portail de pierre. Je m'approchai et tentai
de déchiffrer les runes gravées sur la surface de la pierre. Etait-ce le destin
? Ce qui est certain est que ces curieux symboles m'étaient familiers et je
n'eus aucun mal à activer le portail. Je ne savais pas où j'allais atterrir,
mais aucun lieu ne pourrait être pire que cet enfer. Sans réfléchir, je
m'avançai et traversai la porte.