La Transformation
Lorsque je
me réveillai, mon corps endolori refusait de m'obéir. J'étais plongé dans l’obscurité
et l'air devenait de plus en plus étouffant. Puis, je perdis à nouveau
conscience…
Un bruyant
résonnement de pas me sortit de mon sommeil. Je n'arrivais toujours pas à
bouger, mais je pouvais voir une lumière aveuglante qui se dirigeait vers moi.
C'est alors qu'une voix rauque, aussi vibrante que le bruit qui m'avait
réveillé, s'élança dans un étrange discours :
« Pitoyable !
Vraiment pitoyable ! Et dire que cette larve est la progéniture de l’un de
mes meilleurs généraux. Le sang de cette femme, de cette humaine, n’a retardé
que trop longtemps le développement de ses pouvoirs et sa transformation. Il
faut immédiatement remédier à cette situation. »
Les sons
qui bourdonnaient encore dans ma tête m’empêchaient de comprendre le sens des
mots de la créature. Pourtant, il semblait parler de mon père et, bien que je
ne l’eusse jamais connu, ma mère m’avait toujours dit qu’il était un être
exceptionnel. Pourquoi parlait-il de ses généraux démoniaques ?
Alors que
mes pensées s’attardaient sur cette question, une main agrippa mon cou et me souleva, enfonçant ses griffes
dans ma gorge. La lumière qui émanait de la créature m’aveugla et je dus fermer
les yeux. J’étais trop épuisé, ne serait-ce que pour crier de douleur. Quelques
secondes plus tard, un liquide amer et visqueux remplit ma bouche et, bien que
je fusse pris de fortes nausées, le démon qui me soulevait m’obligea à
l’avaler. Après s’être assuré que je ne pourrais pas recracher cet affreux breuvage,
il me jeta brutalement à terre et s’éloigna. Sous le choc, je ne tardai pas à
replonger dans le coma.
Je ne sais
pas pendant combien de temps je dormis, mais je sais que mon réveil ne fut pas des
plus agréables. Une douleur violente parcourut ma colonne vertébrale, puis s’étala
sur mes côtes pour finalement s’intensifier au niveau des omoplates. J’avais
l’impression que mes os se fissuraient et étaient sur le point d’éclater en
morceaux. Je restai recroquevillé sur le sol, ne sachant que faire, gémissant
et laissant mes larmes ruisseler sur mon visage. Lorsque je pensai avoir
atteint la limite de la souffrance, la douleur s’intensifia et m’arracha un cri
effroyable qui résonna tel un écho et se percuta contre les murs de ma cage.
J’entendais des craquements provenir de mon dos. Ma chaire se déchirait et je
sentais déjà mon sang se répandre sur ma peau. J’étais effrayé et ne comprenais
pas ce qui m’arrivait. C’est alors que ma frayeur se transforma en horreur.
Quelque chose, ou plutôt deux choses couvertes de plumes émergeaient de mon dos
et entaillaient davantage mes muscles : des ailes… c’étaient des
ailes ! Je restai pétrifié, imaginant le spectacle et me laissant
envelopper par ces deux membres couverts de sang qui me torturaient.